A propos de ce blog


Nom du blog :
coeurdhome
Description du blog :
Quand le destin pousse deux êtres à se retrouver au delà des frontières de la raison.
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
07.04.2012
Dernière mise à jour :
02.12.2025

RSS

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· Vallée du Draa (114)
· Lointain Rivage (21)
· Au loin de ces rivages (51)
· Le temps d'un Instant (5)

Navigation

Accueil
Gérer mon blog
Créer un blog
Livre d'or coeurdhome
Contactez-moi !
Faites passer mon Blog !

Articles les plus lus

· PAGE 14 - LA DOUCHE
· LOINTAINS RIVAGES
· PROLOGUE
· LE REVE
· LES LARMES DU COEUR

· CORPS UNIS (Suite)
· LE RETOUR DE MARC
· DANS LA MAIN D'ANNA
· LE MOTARD
· JE SUIS REVENU
· LE JOURNAL TV
· CORPS UNIS
· TEMPS DE PARTAGE
· CORPS ENLACES
· LA MARQUE DU DESTIN

Voir plus 

Blogs et sites préférés

· entredeuxpages


Statistiques 198 articles


Derniers commentaires Recherche

Vallée du Draa

Page 1 - VALLEE DU DRAA

Publié le 29/06/2020 à 06:36 par coeurdhome

 

 

 

La nuit allait tomber sur cette zone de la vallée du Draa, le soleil qui à l'horizon se couchait, donnait aux dunes, en cet instant de la journée, leur couleur si particulière.

Sous son chèche noir, la peau cuivrée par les attaques du soleil et des vents de sables, perdu dans ses pensées, les yeux perdu sur un horizon que nul autre que lui pouvait voir, il avançait au rythme du dromadaire qui le portait.

L'heure du bivouac était arrivée, et demain matin il sera parvenu à destination.

Le dromadaire couché le protégeait de la légère brise; une couverture au sol et une autre tendue entre deux piquets et la selle de l'animal, suffisaient pour qu'il passe la nuit relativement bien abrité.

Le feu qu'il alimentait avec parcimonie, chauffait l'eau du thé qui sera ce soir comme souvent,son seul repas.

Au loin les premières étoiles piquaient déjà le ciel, et le froid qui commençait à se faire sentir réveillait les brûlures de ces cicatrices.

Le sommeil prendra encore certainement le dessus, mais là aussi comme chaque nuit depuis qu'il était revenu à la vie, dés que  son activité cessait, il ne pouvait empêcher son esprit tourmenté de s'évader vers un pays que pour elle il avait délibérément quitté.

.

 

De l'autre côté de la méditerranée, quelque part en France il avait laissé une partie de lui, si ce n'est l'essentiel.

Comme une histoire inachevée dans laquelle la vie serait brutalement intervenue, il lui avait dû s'amputer des liens que malgré lui son coeur avait tissés dans un amour secret.

Depuis ce jour et malgré lui, là encore, son coeur ne cessait de lui rappeler qu'il battait encore et toujours pour elle.

La nuit, alors que le sommeil le gagnait, ce coeur rebelle d'Aimer, fugueur, ne cessait au delà de toutes raisons de s'évader pour franchir la mer et tenter de la retrouver.

Et à chaque fois dans ces instants, avant que la fatigue ne l'emporte, ses sens endormis, mirage de la nuit, voyaient surgir les lignes de son visage.

Le cri sourd de son coeur n'avait rien à envier à celui du fennec qui au fond

 

de la nuit lançait hurlait à la lune : et il en avait mal.

 

De l'autre côté de la méditerranée, au même instant encore dans son jardin,

 

après avoir ramassé le linge qui avait séché, Anna qui venait d'entendre

 

passer une moto dans sa rue s'était un instant figée, tendue, le coeur

 

battant en écoutant s’éloigner le bruit du moteur.

 

A chaque fois une vaine émotion l'envahissait lorsqu’il lui semblait qu'une

 

moto approchait, malgré que plusieurs années se soient écoulées depuis

 

l'histoire secrète qu'elle conservait dans son coeur.

 

Toute à la fois rassurée de ne rien voir surgir e un peu déçue, le regard posé

 

sur la lune qui éclairait cette nuit étoilée, du fond de ses pensées cette fois

 

encore, la même question envahissait ses pensées : qu’avait-il pu devenir ?

 

Réminiscence d’ une histoire passée, non pas oubliée, mais si loin et

 

complètement isolée de sa vie. Un vieux souvenir rangé comme une photo

 

que l'on a parfois de la peine à regarder ; il fait partie de sa vie mais n'est

 

plus sa vie.

 

Depuis elle s'est consacrée avec réussite au bonheur de sa famille. Il avait

 

eu raison, il suffit parfois de peu pour qu’une situation change : ce que l'on

 

sait donner nous revient en juste retour. Sa vie, son foyer était donc

 

aujourd’hui presque conforme à ce qu'elle en avait espéré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Page 2 - L'ARMOIRE DU SECRET

Publié le 30/06/2020 à 07:23 par coeurdhome

 

 

 

 

 

Il arrive pourtant qu'en bougeant les livres des souvenirs, tombe la photo si

 

bien rangée et qu'à nouveau le regard passe dessus, s'y pose et finisse par

 

s'y attarder.

 

 

Dans le quartier un chien hurlait à la mort.

 

Le regard toujours fixé sur la lune, Ana ne pouvait s'empêcher de penser au

 

chèche blanc qui était resté au même endroit depuis qu'elle l'avait rangé. Ce

 

soir plus particulièrement, elle ressentait le besoin de le sortir de sa pile de

 

linge, l’envie de retrouver son odeur.

 

A chaque fois qu'elle pensait à Marc, Anna ne pouvait l'ignorer, les

 

battements de son coeur s'accéléraient.

 

Est-ce cette moto qui l'a perturbée ? est-ce cette lune si lumineuse ce soir ?

 

 

Avant de s'endormir Anna constate que ses pensées restent pour la première

 

fois depuis longtemps dirigées vers lui. Peut-être espère-t-elle, le

 

retrouvera-t-elle dans ses rêves. Avant de fermer les yeux, elle se promet

 

que demain elle sortira le chèche de sa pile de linge.

 

Loin d'être paisible, sa nuit est bousculée par un rêve où se mêlent les

 

souvenirs d'une journée de stage et ceux d'un accident, et au réveil c'est un

 

peu honteuse qu'elle ouvre les yeux.

 

Honteuse d'avoir revécu leurs étreintes, gênée de s'être laissée allée dans

 

les bras d'un autre homme, et qu'à son réveil son corps soit témoin du

 

plaisir que cette nuit lui a procuré.

 

Pourtant elle ne porte en elle aucun remord de ce qu'ils ont vécu ensemble,

 

heureusement même qu'ils avaient pu le vivre un peu, la vie avait été si

 

brusque.

 

Aucun remord, et au fond elle le savait, le regret de n'avoir pu le vivre

 

mieux.

 

Elle se sait en contradiction permanente avec elle-même : comment

 

admettre que l'on puisse se sentir bien dans son foyer et que par ailleurs

 

l'on ressente le besoin des bras d’un autre.

 

Elle sait que quelque chose dans sa vie ne sonne pas juste, mais elle ne

 

parvient pas à définir où.

 

A chaque fois qu'elle pense être satisfaite de sa vie, la réalité de son

 

absence, le manque de lui, remontent en elle.

 

Marc lui avait appris à oser sourire, à oser laisser sa main dans la sienne. Il

 

lui avait donné tout son amour alors même qu’elle se déprimait de sa vie de

 

couple.

 

 

Ce matin-là elle hésite longtemps avant d'ouvrir l'armoire de son secret,

 

essayant de se convaincre qu'elle ne devrait pas revenir en arrière, tentant

 

de calmer les battements de son coeur qui la poussent à tendre la main vers

 

cette pile de linge.

 

Mais cette irrésistible envie de se souvenir de lui, de se replonger dans leur

 

histoire, est cette fois devenue plus forte que sa résolution à vivre

 

simplement sa vie d'épouse et de mère.

 

Lorsque sa main se pose sur ce foulard, Anna tente de résister à la montée

 

des larmes qui cherchent à franchir la frontière de ses yeux.

 

 

Le chèche, la lettre, les chansons qu'ils partageaient ; après s'être promis de

 

les remettre à leur place pour de nouveau les oublier, c'est sous le délice de

 

la caresse que lui procurent les souvenirs enfouis, qu'elle se laisse glisser

 

entre chacun d'eux pour en revivre les instants marquants.

 

 

 

 

.

Page 03 - VALLEE DU DRAA

Publié le 01/07/2020 à 08:02 par coeurdhome

Vallée du Draa.

 

La nuit l'avait enveloppé de son manteau, le laissant dans un sommeil agité,

 

sur sur une part de sa vie perdue.

 

Il était ressorti sans trop de gravité de cet accident qui avait sonné le

 

tournant de son destin, mais plus douloureuse que les blessures physiques,

 

était celle qu'il s'était lui-même infligée: abandonner celle qu'il aimait,

 

 

contraignant son coeur mutilé à ne plus jamais battre pour elle.

 

 

L’activité quotidienne lui permettait de ne pas en ressentir les effets, mais la

 

nuit venue, dans son sommeil, ce coeur libéré se jouait de lui et le torturait

 

souvent.

 

 

Ce jeu de cache cache entre sa raison et son coeur finissait, au bout du

 

compte, par assécher sa joie de vivre, comme l’était l'oued de la plaine.

 

 

 

Marc avait toujours belle allure : avec dans le regard la fierté et la force du

 

sacrifice accompli, soulignée par son habituelle décontraction que venait

 

parfois compléter son sourire, mais l'essence même de la vie, petit à petit

 

s'échappait de lui.

 

 

Une vie qu'il acceptait de perdre pour ne pas en empoisonner une autre.

 

 

 

Bien sûr, entre les femmes de la région qui le désiraient comme époux, et

 

celles, touristes, qui espéraient de lui des nuits d'exotismes, il aurait pu

 

donner facilement trouver d'autres raisons d'exister, mais il n'était pas de ce

 

genre : homme à femmes, ou à noyer un chagrin dans n'importe quoi et par

 

dépit.

 

 

Même si au long de ses deux années on l'avait souvent traité de ridicule ou

 

d'homme d'un temps dépassé, il restait celui qu'il a toujours été, un être

 

humain guidé par le cœur, et tant que celui-ci donnait la direction, il le

 

suivait et continuerait de le suivre.

 

 

Pourtant ici, loin de celle qu’il avait aimée, il se demandait combien de temps

 

encore il allait pouvoir survivre à son absence.

 

 

 

Marc avait repris sa route avant même les premières lueurs de l'aube. Sous

 

lui le dromadaire avançait, imperturbable le regard hautain fixé sur l’horizon.

 

Marc adorait ce moment où le soleil levant chassait la nuit.

 

 

Il était attendu au prochain village de nomades.

 

 

Depuis son arrivée dans ce pays, il avait pris l'habitude de se déplacer de

 

village en campement, pour enseigner le français aux enfants et à tous ceux

 

qui le souhaitaient.

 

 

 

Depuis ce temps là, les communautés qu'il visitait l'avaient surnommé

 

 

Ousstaz : professeur dans leur dialecte.

 

 

Comme à chaque fois qu'il arrivait, hommes femmes et enfants fêtaient sa

 

venue ; on l'aidait à s'installer dans la demeure ou sous la tente qui servait

 

d'école.

 

Et ce jour là malgré la fête préparée en son honneur, c'est un véritable

 

drame qu'il vécut.

 

Comme partout, on déchargeait son dromadaire, et cette fois alors que les

 

enfants portaient comme un honneur ses affaires dans la tente où il

 

demeurerait, un de ses sacs est tombé sans que nul ne s'en aperçoive.

 

Ce n'est qu'après l'accueil traditionnel autour du thé qu'il a remarqué

 

l'absence de celui-ci.

 

 

Lorsqu'il est retourné le chercher, ce fut pour constater qu'une chèvre en

 

avait fait pour une part, son déjeuner.

 

 

Bon public, il aurait là aussi trouvé la situation drôle, car ce sac n'avait pas

 

grande valeur, pourtant une de ses poches contenait ce qu'il avait de plus

 

précieux.

 

 

 

 

.

 

 

 

 

 

.

Page 04 - LA DECISION

Publié le 04/07/2020 à 07:55 par coeurdhome

France

 

Après avoir relu son unique lettre, le chèche posé sur son cou, les yeux

 

troublés par la brume des souvenirs, en se mordant la lèvre Anna réfléchit à

 

la décision qu'elle sent naître en elle.

 

Elle aimerait pouvoir lutter contre, mais aujourd’hui elle n’en a plus le désir,

 

c'est même l'inverse qui se produit: elle souhaite pouvoir retrouver Marc,

 

retrouver leurs échanges passés, leur complicité partagée.

 

 

Certaine de sa décision, elle se sent à la fois heureuse et coupable.

 

D'un coup sans savoir exactement pourquoi, elle balaye les efforts de ces

 

deux années passées pour ne plus penser à lui. Comme un ballon qui surgit

 

du fond de l'eau, les souvenirs et le besoin de savoir enfin ce qu'il est

 

devenu envahissent son esprit.

 

Elle ne pense pas à mal, ni a trahir tout ce que jusqu'à maintenant elle a su

 

construire, consolider, non! Mais elle ressent l'impérieuse envie de savoir s'il

 

va bien, l'impérieuse envie de donner un réel sens à sa vie.

 

 

Pourquoi maintenant ? elle n'en sait rien. Tout ce dont elle est certaine c'est

 

qu'au final, elle à toujours lutté contre ce besoin de le retrouver, se motivant

 

avec le fait qu'elle avait autre chose à construire : de plus sérieux, de plus

 

nécessaire pour l'équilibre de ceux qui l'entourent.

 

Mais elle le savait, son équilibre à elle passait aussi par lui, sans comprendre

 

pourquoi.

 

Elle osait se l'avouer maintenant, son absence avait été un manque qu'elle

 

avait comblé comme elle pouvait, et elle ne trouvait maintenant plus la force

 

de combler ce manque, les mots qu’il lui disait, l’éveil qu’il lui apportait,

 

l’attention qu’il lui prodiguait.

 

 

Sa décision est prise.

 

Sur la lettre figure une adresse mail, c'est le seul lien qu'il lui reste. Anna va

 

tenter par ce biais de retrouver sa trace, peut-être est-ce même lui qui va

 

répondre, à moins que deux ans après, il soit trop tard et que cette adresse

 

ne soit plus utilisée.

 

Le sourire aux lèvres, le coeur battant plus fort, elle se demande déjà ce

 

qu'elle va pouvoir écrire, si longtemps après s'être perdus de vue.

 

 

.

Page 05 - LA PHOTO

Publié le 05/07/2020 à 07:23 par coeurdhome

 

Vallée du Draa

 

Non! Pas ça !...

 

 

Le cri de Marc avait fait fuir la chèvre abandonnant le sac, mais il était trop

 

tard.

 

 

Si le sac en lui même n'avait pas grande importance, dans sa poche

 

extérieure Marc conservait son bien le plus précieux, la seule photo qu'il

 

possédait d’Anna.

 

Une photo prise au Bureau lors d’un repas en commun, et qu'il avait sur lui

 

lors de son séjour à Bordeaux. Par miracle elle n'avait été ni touchée ni

 

perdue lors de l'accident, et il avait su précieusement la conserver jusqu'à

 

présent.

 

Sur cette prise de vue Anna, sans poser, avait naturellement affiché ce

 

sourire qu'il trouvait si beau, et que la lumière de ses yeux l'illuminait encore

 

plus.

 

 

Il n'en restait maintenant plus rien. L'animal avait dévoré tout ce qui se

 

trouvait dans cette poche.

 

 

Les enfants ont vu Ousstaz tomber à genou serrant un poing sur son coeur,

 

ont vu des larmes mouiller ses yeux. Affolés, ils sont vite allés chercher la

 

femme du chef aux cris de: Ousstaz est tombé, Ousstaz a un malheur.

 

 

 

Ousstaz venait de définitivement perdre le dernier bien matériel qui

 

le reliait à Anna.

 

 

Pour la deuxième fois il ressentait comme un effroyable déchirement au

 

coeur.

 

La première fois s’était produite lorsque sur son lieu de convalescence il lui

 

avait écrit cette lettre dans laquelle il exprimait le contraire de son souhait,

 

sacrifiant son brûlant désir de la revoir pour qu'elle trouve mieux la paix de

 

son coeur et puisse avancer dans sa vie en l’oubliant, et maintenant alors

 

qu'il venait de perdre ce qu'il lui restait de plus précieux: la possibilité de

 

temps en temps de la regarder encore un peu. Même si les traits de son

 

visage étaient définitivement gravés dans sa mémoire, lorsqu'il sortait et

 

regardait cette photo, il avait un peu l'impression qu'elle était toute proche

 

tant elle rayonnait, tant il la trouvait si belle, et dans ces instants son coeur

 

s’enflammait à la regarder ainsi.

 

 

 

Souvent auprès du feu sous une pluie d'étoiles, devant une tasse de thé, en

 

regardant la photo, dans le bleu de son regard il lisait un peu de leur histoire

 

; il lui parlait dans son coeur, laissant au ciel le soin de lui porter tous les

 

mots qu'ils n'ont pas pu se dire. Si elle pouvait l’entendre, le ciel lui

 

chuchoterait qu’il l’aimait toujours.

 

 

 

Cette photo n'existait maintenant plus. Seule lui restait l'empreinte des

 

souvenirs . Pour Ousstaz la peine de cette perte était grande.

 

 

Au village où chacun avait compris la grande tristesse d'Ousstaz, ses amis

 

avaient essayé de lui rendre le sourire, en vain, et lorsque après une

 

semaineil est reparti, sa peine se lisait encore dans son regard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

 

 

Page 06 - LE COURRIEL

Publié le 06/07/2020 à 06:20 par coeurdhome

 

Depuis son hublot, calée dans son fauteuil, en voyant approcher les côtes de

 

l'Afrique que bordait la méditerranée, Anna se remémorait le chemin et

 

l'attente de ces cinq derniers mois qui l'avaient conduite jusque dans cet

 

avion.

 

Après avoir pris sa décision, c’est le jour même et le coeur battant qu'elle

 

avait allumé son ordinateur et ouvert sa messagerie. Elle avait rédigé un

 

court message destiné à l’adresse qui figurait sur la lettre de Marc. Elle avait

 

écrit ces simples mots : "J'ai besoin de te voir, où es-tu ? signé Anna", rien

 

de plus. En fait elle n'avait rien écrit de plus pour cette première fois, juste

 

une tentative de contact.

 

 

Puis elle avait attendu une éventuelle réponse, le cœur battant à chaque fois

 

qu’elle consultait sa messagerie.

 

 

Ce n'est que deux semaines plus tard qu'enfin elle lui était parvenue.

 

 

 

Entre temps, c’est tous les jours, matins et soirs, qu’Anna avait surveillé sa

 

boite aux lettres, avait prêté attention au moindre passage d'une moto. Elle

 

attendait presque avec impatiente et s'était même rendu compte qu'elle

 

devenait irritable pour ses proches.

 

 

Puis, au bout de sept jours, le désespoir l'avait gagnée. Doucement elle

 

s’était faite à l'idée que depuis deux ans cette adresse n'était plus utilisée,

 

qu'elle avait trop attendu, qu'il était maintenant trop tard.

 

 

A l'émotion des premières attentes, c'est l'abattement et la tristesse qui

 

doucement avaient pris place en elle, mais comme une naufragée accrochée

 

à son épave, elle avait continué d’espérer.

 

 

Enfin, treize jours après son envoi, une réponse lui était parvenue.

 

 

 

Elle en sourit maintenant, mais lorsque le message de réponse est arrivée

 

dans sa messagerie, elle a longtemps hésité avant d'en lire le contenu, de

 

peur d'être déçue.

 

 

Mais elle avait fini par se décider à prendre connaissance de son contenu

 

après avoir tourné, viré dans sa maison, le sourire au coin des lèvres, le

 

coeur battant plus fort encore.

 

 

Et au final, bien qu'un peu déçue par son faible contenu, elle n'en avait pas

 

été moins ravie de la perspective que ce courriel offrait, il disait : "Votre

 

message a bien été reçu.

 

 

Adresse toujours active, vacation uniquement le vendredi.

 

 

Son propriétaire actuellement absent sera très heureux d'avoir de vos

 

nouvelles."

 

Cela signifiait que le contact existait bien encore, et que quelque part Marc

 

aussi devait peut-être attendre l'arrivée d'un message, puisqu’une vacation

 

avait lieu chaque vendredi.

 

"Actuellement absent et sera très heureux d'avoir de ses nouvelles"

 

 

Non ! elle était maintenant sûre d'avoir fait le bon choix, car lui aussi ne

 

l'avait pas oubliée, elle en avait la certitude, même si déjà elle se sentait

 

coupable vis-à-vis de ceux qui l'entouraient.

 

 

 

 

.

 

Page 07 - LE BLEU DE SES YEUX

Publié le 24/07/2020 à 17:38 par coeurdhome

 

Les yeux fermés, la tête calée au fond de son fauteuil, un discret sourire sur

 

les lèvres, Annarevivait une fois de plus et toujours avec beaucoup de

 

plaisir, leur journée à Bordeaux.

 

Elle n'a eu de cesse de surveiller sa messagerie depuis qu’elle avait reçu

 

cette réponse inespérée.

 

Elle même avait juste répondu avec quelques mots : "Comment et où puis-je

 

te revoir ? J'en aivraiment besoin."

 

 

 

Elle n’avait rien oublié de ce qu’il avait essayé de lui apprendre pour éclairer

 

sa vie, ne serait-cequ’oser sourire sans complexe, oser laisser une main

 

prendre la sienne.

 

Un mois s'était écoulé avant qu'une nouvelle réponse lui parvienne, un mois

 

où jamais elle n'avaitperdu patience, heureuse qu'elle était de savoir que

 

quelque part se recréait un lien entre eux.

 

 

Elle était consciente qu’elle ignorait totalement où cela les mènerait, et elle

 

s’en fichait. Tout cequi comptait était finalement de savoir qu’il était encore

 

en vie, que peut-être elle retrouveraitson sourire posé sur elle, comme son

 

regard qu’il aimait laisser sombrer dans le bleu de ses yeux.

 

 

Oui peut-être...

 

 

.

 

 

Page 08 - MARRAKECH

Publié le 30/07/2020 à 17:03 par coeurdhome

 

Vallée du Draa.

 

Trois semaines que Bouchra cherchait comment joindre Ousstaz.

Il a toujours refusé de porter sur lui un téléphone portable, même à  

batterie solaire.

Trois semaines durant lesquelles Bouchra a multiplié l'emploi de ce qui là,

méritait bien son nom, le téléphone Arabe.

Chaque caravane, chaque commerçant qui traversait la vallée avait eu son

message: "Si vous rencontrez Ousstaz, faites lui savoir qu'une colombe

messagère l'attend", et il avait attendu, sans pouvoir faire plus.

 

Il n'avait pas osé répondre au dernier message reçu, il savait que son

auteur devait attendre la réponse à la question demandée, mais jamais

Ousstaz ne lui avait dit que d'initiative il pourrait correspondre sur cette

adresse mail, et encore moins à sa place.

Pourtant il sait ce qu'il aurait pu répondre:

"Je suis parti, mais je reviendrai, je ne t'oublie pas. Je serais de retour dans

quelques temps"

 

Enfin, au cours de la quatrième semaine Bouchra a reçu d'un commerçant

la confirmation que le message était bien parvenu à Ousstaz et la précision

que celui-ci avait paru transfiguré à cette nouvelle, et qu'il devrait être là

au plus tard dans deux jours.

 

 

Dans l'avion.

 

Tirée de ses pensées par le pilote qui vient d'annoncer la proche descente

de l'avion, comme les autres passagers Anna attache sa ceinture de

sécurité. Elle sera avec ses amies bientôt arrivée à Marrakech.

 

Depuis longtemps, elle avait avec d'autres ce projet de voyage dans ce

pays, et le hasard du retournement de sa vie sur cette histoire passée lui a

donné une toute autre dimension.

Confiante, chaque jour elle avait veillé son courriel. Puis un nouveau

message était arrivé.

Il disait:

"J'ai trop de mal à croire que tu puisses chercher à prendre contact. Je

l'avais tant espéré puis fin avant de me faire à la raison que cela n'arriverai

jamais.

Et de lire tes mots :"Comment et où puis-je te revoir ? J'en ai vraiment

besoin."m'a un instant bouleversé.

Je suis vraiment heureux d'avoir de tes nouvelles.

Pour répondre à ta question: comment et où me voir, je crains que cela ne

soit pas facilement réalisable dans l’immédiat. Je suis trop loin de toi.

Il reste la possibilité que tu aies l'occasion de passer par le Maroc, pays où

je vis désormais, alors pourrons-nous brièvement nous revoir.

En attendant je n'ai que cette liaison internet que je ne peux utiliser qu'une

fois par jour dans le meilleur des cas.

Tu écris "j'en ai vraiment besoin".

Je ne cherche pas à déchiffrer au-delà de ce que je lis, j'ai peur de me

tromper, mais en parcourant ces mots j'ai eu l’impression que l'on venait

d'alimenter l'oued de la plaine de mon coeur, depuis longtemps asséché."

 

 

 

.

Page 09 - LA PREMIERE FOIS

Publié le 04/08/2020 à 12:57 par coeurdhome
Page 09 - LA PREMIERE FOIS

 

 

L'avion amorçait sa descente vers la piste d'atterrissage. En songeant qu'elle allait de nouveau se retrouver pas très loin de lui, les battements de son coeur s’accélérent.

Des images de leur nuit d'amour envahissent ses pensées. Son corps envahit par de chaudes sensations, frémit. Il lui semblait encore sentir sur sa peau la caresse de ses mains, la chaleur de sa bouche envahissant son intimité. Ses mains n’avaient jamais oublié les contours du corps qu'elle avait eu plaisir à parcourir dans la douche de sa petite chambre.

 

Malgré tout, c’est avec une pointe de culpabilité qu’Anna se demande si ici elle allait pouvoir le retrouver dans les mêmes conditions.

Quatre mois s'étaient écoulés après sa première réponse.

La première semaine l'échange de courriel avait été quotidien, puis, parce qu'il avait à gérer ce qu'il avait appelé ses rendez-vous de village, ils s’étaient limités à un courriel le week-end.

Marc lui avait raconté sa vie au Maroc, plus exactement dans le désert marocain, ce qu'il était devenu.

Bien que lui aussi ait exprimé son fort besoin de la revoir, il a tenté de lui montrer les risques que de telles retrouvailles allaient engendrer.

Mais d'une phrase Anna avait balayé ces craintes en lui disant:

"J'ai fait tout ce que je devais pour que ma vie soit la plus régulière possible, mais même si avec force j'ai tenté de l'ignorer, de l'étouffer depuis ton départ, il y a désormais en moi quelque chose de toi qui fait partie de ma vie, que je ne parviens plus à ignorer. Je sais maintenant que j’ai besoin de toi pour continuer d'exister, alors si tu l’acceptes je viens te rejoindre."

Alors que l'avion roule sur la piste, Anna se souvient avec un certain amusement mais non pas sans émotion, de cette première fois où ils ont franchi la barrière de leurs envies.

Depuis le temps qu'ils l'espéraient sans vraiment en parler, depuis le temps qu'ils avaient résisté à la force de leur attirance l’un pour l’autre.

Puis comme cela, sans trop prévenir, au détour d'un palier d'escaliers où ils se sont trouvés face à face, dans l'échange de quelques mots et de regards qui se cherchaient, dissimulant au mieux le battement de leurs coeurs qui s'attendaient, dans l'élan de leur corps ils se sont rejoints, unissant dans un bref instant leurs émotions qu'ils désiraient tant partager et libérer.

 

Oui, à y repenser elle en sourit encore : moment un peu brouillon, bref, mais à la fois délicieux et charnière de leur histoire.

Désormais dés cet instant, s'ils pouvaient encore en douter avant, ils savaient que leur envie de se rapprocher, que leur besoin du contact de l'autre, était partagé.

 

Puis un jour il lui avait dit qu’il l’aimait.

Ce simple mot dont l'impacte était toujours aussi fort sur elle, l'avait amené à faire le bilan de ses propres sentiments et de sa vie en générale.

 

Une vie qui n'était ni plus ni moins bien que celle de tant d'autres couples, mais elle en voyait maintenant mieux la couleur, et lorsque Marc était prés d'elle, tout prenait un ton différent.

 

Pour éviter que le cahot ne traverse sa vie de famille, Marc était parvenu à donner une distance suffisante à leurs sentiments.

Anna savait qu’il en avait souffert, mais il l’avait fait pour mieux la protéger de lui.

Jusqu'à cette fois où à Bordeaux leurs destins se sont rejoints avant de se perdre définitivement.

Et voilà qu’elle allait le retrouver, ils allaient de nouveau pouvoir se regarder.

La trouverait-il changée, vieillie ? Et lui, avait-il gardé des séquelles de son accident, comment était-il maintenant ? Avait-il conservé sa naturelle décontraction ? Se noierait-il encore au bleu de ses yeux ?

La dernière image qu'elle en avait, était ce moment ou motard dans cette chambre, les yeux rieurs il lui avait passé son chèche autour du cou. Depuisson départ elleleportait sur elle.

 

 

.

 

 

Page 10 - ARRIVEE A MARRAKECH

Publié le 10/09/2020 à 08:04 par coeurdhome
Page 10 - ARRIVEE A MARRAKECH

 

Anna arrivait au Maroc avec ses trois amies. Leur époux respectif avaient acceptés ce séjour thalasso d'une semaine, alors qu'eux même se rendaient à Dublin pour suivre le championnat de rugby.

 

Une fois les valises récupérées après les formalités de la douane, Anna ne pouvaient absolument pas contrôler l’espèce de trac qui l’envahissait, et plus encore lorsque ses battements de cœur se sont soudainement accélérés, quand à la sortie de l'aéroport dans la file des taxis ,elle a lu sur une pancarte brandie à l'intention des arrivants : Taxi Bouchra.

 

Elle était arrivée, et comme Marc lui avait indiqué dans un de ses messages: "A ton arrivée laisse-toi conduire jusqu'à votre hôtel par Bouchra et son taxi, c'est un compagnon", elle avait devant elle le premier lien physique réel qui allait lui permettre de le retrouver.

 

Vallée du Draa.

 

Son avion avait dû atterrir songeait Marc. Il allait peut-être la retrouver.

Après avoir tant rêvé d'elle, après l'avoir tant imaginée dans sa vie de tous les jours, voilà que d'ici quelques jours, quelques heures, ils allaient se revoir.

Son coeur cognait déjà très fort dans sa poitrine rien que de penser que quelques kilomètres seulement les séparaient. Battait très fort aussi car dans son dernier message, au risque de la voir de nouveau s'éloigner, il lui avait transmis une ultime recommandation:

 

"Réfléchis bien avant que tout bascule dans ta vie, bascule par "accident" ou même de ta volonté.

Tu as réussi durant tout ce temps à poser sur ta vie les bases de la stabilité et de la solidité d'un foyer où chacun sait qu'il peut compter sur l'autre, où chacun est un repaire fiable dans la vie de l'autre.

En me retrouvant tu va fragiliser tout cela, au risque même de le perdre définitivement.

Sois en pleinement consciente.

L'Amour, la tendresse, l'attention, sont des facteurs important dans une vie à deux, ils en sont même l'essence car aucun couple n'existe vraiment sans cela.

Mais es-tu vraiment prête à prendre le risque de perdre ce pour quoi tu as vécu jusqu'à maintenant ?

Es -u certaine que ce que l'on peut se donner l'un à l'autre, compensera ce que tu peux perdre ?

Auras-tu la force de l'assumer, avec moi à tes côtés, avec ces années qui nous séparent ? "

 

 

Il aurait pu se trouver à Marrakech à son arrivée, mais il avait préféré l'attendre ici, être jusqu'au dernier moment, certain qu'elle n'aura pas renoncé à cette rencontre. Et si elle n'a pas changé d'avis, Bouchra la conduira jusque là, demain lors d'un raid programmé.

 

Il essayait d'imaginer comment elle était.

Toujours aussi lumineuse, toujours aussi rayonnante ? Il l'avait toujours trouvé belle, cela en était devenu en leur temps, un sujet de plaisanterie, elle qui se complexait de son physique.

 

Pourtant, en plus elle était belle au-delà même de son apparence physique, et la dernière image qu'il en avait, était son visage rayonnant, quelques instants avant qu'il ne la quitte à Bordeaux.

 

Heureux au possible de ces retrouvailles qui allaient se produire demain, Marc n'en était pas moins inquiet : leur avenir à tous les deux risquait d’en être chamboulé.

 

Anna allait-elle se limiter après ce séjour au Maroc, à simplement poursuivre les échanges qu'ils venaient de rétablir par messagerie, donnant à son quotidien le goût de sa présence morale et le plaisir d'en attendre des nouvelles ? ou allait-elle décider d'orienter sa vie de couple vers quelques chose de plus radical ?

Peut-être même que cette rencontre suffirait à définitivement combler le manque qu'elle pensait avoir de lui, et effacerait définitivement son besoin de le retrouver .

Et lui comment allait-il supporter son retour ? Serait-il de nouveau assez fort pour accepter de ne plus la revoir ? Certainement, même s'il en devait encore en souffrir. Marc avait fait le choix de toujours faire abstraction de ses envies pour la protéger de lui.

Il l'Aimait toujours, ce qui induisait implicitement qu’il était prêt au sacrifice de son bonheur pour le sien.