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Nom du blog :
coeurdhome
Description du blog :
Quand le destin pousse deux êtres à se retrouver au delà des frontières de la raison.
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
07.04.2012
Dernière mise à jour :
14.09.2025

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PAGE 92 - FEMME DANS SES YEUX

PAGE 92 - FEMME DANS SES YEUX

Publié le 22/04/2025 à 07:10 par coeurdhome

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Oustass a rapidement dressé la table dans le petit patio. Deux petites bougies l'éclairent, Fatia est maintenant assise face à lui.

- Voilà, le repas est servi madame !

Fatia pouf de rire et s'excuse.

- Pardonne moi. Je ne me moque pas. Mais...c'est la première fois que je suis invitée comme cela. Ici on mange en famille ou seul. Et depuis le décès de mon mari c'est même le plus souvent seule. Heureusement Brahim est encore là.

Je ne sais pas ce que veut dire aller dans un restaurant, et ce soir je suis tout de même gênée de partager la table de l'étranger au village. Gênée mais fière.

- Ne sois pas gênée Fatia. Je le suis tout autant que toi. Et puis je t'ai invitée donc tu ne m'importunes pas.

Veux tu goûter de ce vin de palme ? Il a l'air fameux.

- Oui. Mais juste un fond alors.

Oustass lui tend son verre et prend le sien.

- Fatia, je lève mon verre à ta gracieuse présence, merci encore de me tenir compagnie et d’enchanter cet instant.

Les yeux de Fatia brillent dans la lumière des bougies, elle se sent bien ici. Et pour la première fois de sa vie, elle se découvre au travers du regard, des mots et des attentions de cet homme : femme pour la première fois de sa vie.

Elle se sent habitée par un  étrange sentiment, à la fois mêlé de liberté et d'une féminité qu'elle n'avait encore jamais mis en avant.



La soirée déroulait son fil. Tout en mangeant ils avaient parlé de choses et d'autres, et Oustass la faisait beaucoup rire.

Elle avait l'impression qu'il racontait parfois n'importe quoi, mais il avait l'air si sérieux dans ses propos qu'en fait elle ne savait pas si c'est elle qui était ignorante ou lui qui la taquinait.

Il venait de se lever pour préparer un café. Il lui avait aussi proposé un thé mais lui avait-elle dit :

- Je préfère ce que tu auras envie toi.

Alors qu'elle l'entendait préparer le breuvage, elle pensait en elle même :

" Mais qui es-tu Oustass ? Quel étrange destin t'a fait échouer ici, et ai-je le droit de laisser mon corps te désirer ?"



Oustass revient avec deux tasses brunes en terre cuite desquelles s'échappe l'agréable odeur du café. noir et fort comme il l'apprécie.

Alors qu'il tend sa tasse à Fatia sans savoir pourquoi et alors que rien ne s'y prête, il se retrouve face aux souvenirs d'Anna lui proposant elle aussi un café lorsque ce fameux soir à Bordeaux il était venu frapper à sa porte.

Le choc de ce souvenir imprévu est terriblement dur et il reste un moment perdu dans ses pensées.

La main de Fatia s'est tendue pour se saisir de la tasse. De son côté face au soudain silence d'Oustass elle se rend compte que quelque chose se passe.

Alors qu'elle lui murmure un :

- Oustas ?! Oustass, tout va bien ?.... Ses doigts effleurent puis se posent sur la main qui tient la tasse.

Oustass réagit au son de la voix de Fatia. Ces images qui le hantent s'effacent aussitôt. En le voyant de nouveau présent, promptement Fatia a écarté sa main.

Il ne s'est pas rendu compte de son geste, et dans un sourire un peu crispé par le noeu de ses sentiments, il reprend le fil de leur conversation comme si de rien était.

Dans le patio l'air n'a pas encore fraîchi, Oustass propose à Fatia de boire le café plus confortablement installés sur le divan sur lequel il s'assoit en tailleur.

Un soudain silence s'installe entre eux le temps de déguster la première gorgé du café bien chaud. Dehors ils entendent aboyer un chien quelque part dans la nuit.

Fatia ne sait pas ce qu'elle veut,ni ce qu’elle doit faire.

La soirée qu'elle vient de passer est pour elle la première du genre. Pas de cris, pas de clan hommes femmes, pas d'indifférence ni femme soumise à ses devoirs, mais au contraire une liberté d'exister dans ces heures écoulées.

D'exister dans le regard d'un homme qui lui a parlé d'égal à égal, qui a prêté attention à ce qu'elle disait, qui n'a ni cherché à abuser de la situation ,ni fait semblant de s'intéresser à elle.

Peut-être est-ce dû au café ou encore au vin de palme qu'elle ne connaissait pas, elle sent son corps envahi par une douce et étrange chaleur, le désir lui noue le ventre.

Tout est confus dans sa tête, même dans son coeur lui semble t-il. Elle se dit qu'il est temps de quitter ce lieu dans lequel elle se sent bien.

Pourtant c'est elle qui relance la conversation et elle s'étonne même de son manque de respect en demandant :

- Oustass, permets moi de te poser une question.

Les lèvres encore posées sur sa tasse, Oustass qui la fixe du regard, d'un signe de tête l'autorise.

- Tu es pour moi, un homme étrange. Il a peu que je te connais, mais je sais déjà qu'à tes côtés je me sens bien ; tout à l'air si calme si serein autour de toi et en toi. Que fais-tu par ici, et pourquoi sembles-tu si seul ?

A ces derniers mots Fatia s'en veut et se mord la lèvre d'avoir osé lui poser une question si personnelle.

Le regard d'Oustass s'est échappé du sien pour se perdre quelque part dans l'encre de la nuit.

Tout d'abord il ne lui réponds pas prenant le temps de déguster son café, pense Fatia qui remarque tout de même ses mâchoires crispées.

Puis il pose sa tasse, rectifie son assise pour se trouver face à Fatia qui le voit se mordre la lèvre avant de commencer à lui répondre dans un demi-sourire.

- Fatia comme c'est étrange : tes mots touchent et éveillent en moi le souvenir d'une autre femme qui déjà a employé ces mêmes mots. Ne te fies pas aux apparences. Si je ne suis pas accompagné, mon coeur lui est envahi. Et en lui comme dans mes pensées, je ne suis jamais seul. Fatia, chaque jour une femme perdue accompagne mes pensées, et si je suis ici seul, c'est parce je sais qu'elle n'attend plus rien de moi et que je dois trouver le moyen de perdre ce qui d'elle reste dans mon coeur.

- Mais comment peux tu être certains qu'elle n'attend plus rien de toi ?

- C'est une longue histoire Fatia. Oublions cela. Ce soir tu es là, je suis heureux de ta présence. Toi aussi, tu es si différente des autres ici ; j'ai un peu l'impression de retrouver quelqu'un que j'aime. Ne m'en veux pas de cette comparaison, c'est gênant pour moi comme cela peut l'être pour toi. Mais mes mots sont sincères et ne s'adressent qu'à toi.

 

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